Contribution à l’étude de la recherche des espèces de vibrio potentiellement pathogènes chez le loup de mer et la daurade royale dans la wilaya de Boumerdès

Abstract

Certaines espèces du genre Vibrio sont à l’origine de maladies infectieuses chez l'homme par la consommation de produits de mer crus ou insuffisamment cuits, ce qui représente un problème de santé publique. Les épisodes d'infections à Vibrio sont généralement associés à des symptômes gastro-intestinaux aigus, à une septicémie et à des lésions des tissus mous, avec une issue différente selon les souches impliquées et la sensibilité de l'hôte. Les infections cholériques et non cholériques sont les deux principales maladies causées par les souches pathogènes de Vibrio. Les sérogroupes O1 et O139 du Vibrio cholériques sont les agents étiologiques du choléra qui est une maladie infectieuse humaine avec une tendance potentiellement épidémique caractérisée par des épisodes massifs de diarrhée aiguë, mettant la vie en danger, en particulier pour les sujets non traités. Malgré ces risques potentiels, peu d’études ont été réalisées dans notre pays afin de mieux estimer la prévalence des vibrions pathogènes dans les produits de la pêche. De telles études sont importantes parce qu’elles permettent d’évaluer les risques dû à ces pathogènes et la mise en place des mesures préventives pour la maîtrise des dangers sanitaires liés à la consommation des produits de la pêche. C’est dans ce sens que s’inscrit la présente étude qui se fixe comme objectif d’évaluer la prévalence de pathogènes émergents de type vibrions dans les produits de la mer en Algérie. L’étude a été menée dans une région centre de la côte algérienne, sur une période de trois ans. Un total de 690 échantillons de loup de mer (Dicentrarchus labrax ) et de la dorade royale( Sparus aurata) d’élevage et sauvage ont été prélevés mensuellement de janvier 2017 à décembre 2018 au niveau de trois zones de production halieutique, à savoir, la zone de Boumerdes, Azeffoun et Tipaza ; et 280 échantillons de mollusques bivalves (Mytilus galloprovincialis) ont été collectés de façon aléatoire et simple à partir de six sites de la côte algérienne, dont trois sites conchylicoles (la ferme conchylicole de Ain Taya, la ferme de Ain taghoureit et la ferme de d’Oued Goussine) et trois sites sauvages (moulières d’Oued Goussine, moulières du Vivier de Bou-Ismaïl et la moulières tonic de Tipaza) sur une période d’une année (du janvier au décembre 2018). Les analyses microbiologiques ont été effectuées selon la norme ISO / TS 21872-1 : 2007, pour Vibrio parahaemolyticus et Vibrio cholerae et selon la norme ISO / TS 21872-2 : 2007, pour la détection d'autres espèces de Vibrio. L’identification microbiologique est basée sur les techniques bactériologiques classiques (examens macroscopiques, microscopiques, API20E), MALDI-TOF MS, Techniques immunologiques (sérotypage de V. cholerae), et les techniques moléculaires (PCR). Les résultats de cette étude ont révélé 42 souches isolées de Vibrio spp soit une prévalence globale de 6,08 % à partir de la flore viscérale et branchiale du loup de mer et de la dorade royale d’élevage, à savoir 15 isolats de V. cholerae, 5 isolats de V. fluvialis, 20 souches de V. alginolitycus et 2 isolats de V. hollisae, alors qu'aucun Vibrio n'a été détecté chez les poissons sauvages et 51 souches de vibrio ont été isolées chez les moules , soit une prévalence globale de 12,1%, dont 33 isolats de V. cholerae (avec une prévalence de 11,8%) et 18 isolats de V. fluvialis (avec une prévalence de 6,4 %) ; Le gène de la toxine cholérique (ctxA) était présent dans un seul échantillon de moule. Ces résultats révèlent que les produits de la mer peuvent présenter un danger potentiel pour la sécurité du consommateur en Algérie et soulignent l’importance du contrôle de ces espèces.