Saccharothrix algeriensis: isolement, taxonomie et production d’antibiotique

Abstract

Un isolat d’actinobactérie nommé SA 233 et provenant d’un échantillon de sol de la palmeraie d’Adrar a fait l’objet d’une étude taxonomique et de ses antibiotiques. Les caractéristiques morphologiques et chimiques de cet isolat ont permis de le rattacher au genre Saccharothrix. Les caractéristiques physiologiques l’ont rapproché de Saccharothrix australiensis, avec cependant certaines différences. La comparaison de la séquence de l’ADNr 16 S de l’actinobactérie SA 233 avec celle des autres espèces du même genre, a donné des pourcentages de similitude de 97,5 % à 98,8 %, le plus élevé étant celui obtenu avec Sa. australiensis. Cependant, le test d’hybridation ADN-ADN avec Sa. australiensis a donné un pourcentage de similarité de 55,9 % seulement, ce qui montre que SA 233 appartient à une nouvelle espèce laquelle a été nommée Saccharothrix algeriensis (numéro d’accession NRRL B- 24137 et DSM 44581). La souche SA 233 a montré des propriétés antibiotiques intéressantes contre plusieurs microorganismes pathogènes. En milieu liquide, la production quantitative et qualitative des antibiotiques est sous l’influence des milieux de culture. Le milieu semi-synthétique (SS) à base d’extrait de levure et de glucose s’est révélé être meilleur que d’autres milieux. Les antibiotiques produits sur milieu SS ont été extraits par du dichlorométhane et purifiés par chromatographie préparative sur plaques de gel de silice G60 et par HPLC en phase inverse sur colonne C18. Saccharothrix algeriensis SA 233 produit 5 antibiotiques non polyéniques. Les analyses spectroscopiques, particulièrement la spectrométrie de masse à haute résolution et les RMN du proton et du carbone 13 ont permis d’aboutir à leur structure chimique. Elles appartiennent toutes à la classe des dithiolopyrrolones, antibiotiques hétérocycliques contenant de l’azote et du soufre. Ces molécules possèdent le même squelette de base, avec deux cycles accolés de type dithiolopyrrole amidifié par différents acides organiques. L’étude de l’effet des acides organiques et aminés (précurseurs) sur la production d’antibiotiques par la souche SA 233 sur milieu SS, a donné des résultats intéressants. Ainsi, dix nouveau dérivés ont été purifiés et caractérisés après addition des acides valérique, sorbique, cinnamique et l’acide aminé cystine. Le spectre d’action de ces molécules s’étend sur plusieurs champignons phytopathogènes, levures et bactéries pathogènes pour l’homme, comme l’ont monté les tests d’antagonisme et la détermination des concentrations minimales inhibitrices.