Prévalence de l'hypertension artérielle et étude des habitudes alimentaires dans l'Oasis d'El-Menia

Abstract

L'Algérie a l’instar d’autres pays en développement, connait une augmentation sans précédent des maladies cardio-vasculaires. L’hypertension artérielle constitue un facteur majeur de morbidité et de mortalité de ces maladies cardio-vasculaires. Notre étude avait pour objectifs (i) d’estimer la prévalence de l’HTA et des autres facteurs de risque cardiovasculaires dans la population adulte de l’oasis d’El-Menia, du Sahara Algérien, et (ii) d’étudier un lien éventuel entre l’HTA et les habitudes alimentaires, en particulier la surconsommation du sel. Cette Oasis, étant la seule caractérisée, parmi toutes les autres Oasis du sud Algérien, par une eau de consommation quotidienne, ayant une faible teneur en sodium 28 mg par litre, versus 400 mg/l respectivement. Il s’agit d’une étude transversale qui a concerne un échantillon de la population résidente, âgée de 40 ans et plus, issu d fun sondage en grappe. La pression artérielle a été mesurée a 3 reprises en utilisant une méthode validée. Le questionnaire utilise était complète par des médecins et comportait des données de l’interrogatoire et des mesures anthropométriques. Des prélèvements sanguins ont été réalisés a la recherche de troubles glycémique et de la lipidémie. Un hypertendu était défini comme un sujet sous traitement antihypertenseur ou avec pression artérielle systolique (PAS). 140 mm Hg ou avec pression artérielle diastolique (PAD) . 90 mm Hg, a la moyenne des 2 dernières mesures. La prévalence était calculée en rapportant le nombre de personnes hypertendues sur le nombre de sujets inclus, et est exprimée en pourcentage. La comparaison des pourcentages a été réalisée en utilisant le test du khi 2 et celle des moyennes en utilisant le test t de Student. Les variables associées a l’hypertension artérielle en analyse univariée (p<0,2) ont été incluses dans un modèle de régression logistique pas a pas descendant avec un seuil de sortie (p. 0,10). Un p < 0,05 était considéré comme significatif. Sept cent vingt sept (727) sujets ont été inclus : 67% de femmes et 17,7% de sujets de couleur de peau noire. L’âge moyen était de 58,5 } 13,2 ans. La prévalence de l’HTA était de 50,2% (365/727): [Dans la population féminine, 49,7% (242/487) étaient hypertendues, pour 51,3% (123/240) dans la population masculine]. La prévalence était significativement plus élevée chez les sujets noirs : 62% (80/129) versus 47,9% (285/593) chez les blancs (p < 0,01). Parmi les 365 hypertendus diagnostiques durant l’étude, 58 % méconnaissaient leur maladie. Les femmes et les sujets ages de 60 ans et plus avaient une meilleure connaissance de leur HTA. Parmi les 147 (95%) hypertendus traites, 20 % avaient une pression artérielle contrôlée (PAS < 140 mm Hg et PAD < 90 mm Hg). Quel que soit le groupe d’aliments consommes, nous n’avons pas observe de différence significative dans les comportements alimentaires entre les hypertendus et la population générale, n’orientant pas vers une implication franche des habitudes alimentaires dans la genèse de l’HTA dans le sous-groupe des hypertendus par rapport a celui des normo tendus d’El-Menia. Les facteurs associes a l’HTA en analyse multivariée étaient: l’âge (OR=1,52; IC 95%=1,40-1,65), la couleur de la peau (OR= 2,23; IC 95% = 1,39- 3,58), la glycémie (Or=1,49; IC 95%= 1,21-1,83), le tour de taille (OR= 1,11; IC 95%= 1,03-1,19). La prévalence de l’HTA dans notre oasis était proche de celles retrouvées dans des études réalisées dans le nord du pays, après mâchage à l’âge, et celles rapportées dans d’autres régions du monde. Cette prévalence reste élevée malgré une teneur en sodium de l’eau de boisson 14 fois moindre que celle dans l’Oasis de In Salah, notre Oasis de référence en terme de consommation en sel, et ce a profil métabolique équivalent. Les pouvoirs publiques doivent absolument tenir compte des résultats de cette étude, et de toutes celles réalisées dans notre pays avec le même objectif, pour répondre rapidement et efficacement a ce fléau qui, s’il n’est pas combattu a son vrai niveau de gravite, risque a lui seul, par ses complications, de dépasser largement et dans un avenir proche, les possibilités financières mises a la disposition des services de sante pour son traitement.