Résumé:
L’avortement chez les petits ruminants dans la région steppique de Ksar el
Boukhari constitue depuis des décennies une préoccupation majeure des éleveurs
et vétérinaires. Pour estimer de façon précise le niveau d’avortements dans cette
région, un échantillon de 213 troupeaux a été tiré au sort à partir d’une base de
sondage de 2300 troupeaux. [59 ± 06]%IC 95% de ces troupeaux ont connu au
moins un avortement durant la saison d’étude, dont 50 % un taux alarmant
d’avortement (>5%) faisant suspecter une étiologie infectieuse. La séroprévalence
des AC anti-Brucella a fait l’objet d’une investigation exhaustive sur terrain. Le
sérum de 144 agneaux pré-pubères non vaccinés issus de 87 troupeaux tirés au
sort, ont été analysés avec les tests EAT, FC et iELISA. [23,52 ± 0,2]% des
villages (dechra) avaient au moins un agneau positif. La prévalence animale de
brucellose a été trouvée par les tests suivants ; EAT [4,16 ±0,033]%, FC
[4,16±0,033]%, iIELIZA [6,94 ± 0,042]%. Une première stratégie de lutte contre ce
fléau a été le dépistage/abattage. Une étude rétrospective sur la période 2003-
2015 a décrit l’évolution de la brucellose humaine dans la daïra d’Aziz, durement
touchée en 2006 avec 280 cas pour 100 000 habitants. A la survenue de chaque
cas humain, les autorités sanitaires vétérinaires avaient mené des investigations
dans des foyers animales suspects de contamination humaine. Ce sont les
caprins qui étaient les plus suspectés. Sur 181 troupeaux 40 ont fourni au moins
un résultat positif à l’EAT.
Face à cette recrudescence de cas humains, une deuxième stratégie de lutte a
été adoptée : la vaccination de masse des petits ruminants. Une diminution
significative de l’incidence des cas humains dans la région a été depuis
enregistrée. Au-delà du nombre de cas humains, il y aurait cependant besoin d’un
indicateur d’infection des petits ruminants pour pouvoir décider à quel moment
passer à une étape suivante de lutte : la vaccination sélective des jeunes, puis le
dépistage-abattage des animaux infectés.