Dosage de la créatinine : la méthode de jaffé modifiée versus la méthode enzymatique (étude comparative)

Abstract

De nos jours, la créatinine reste encore le principal bio-marqueur utilisé pour le calcul des formules permettant d’estimer la clairance de la créatinine endogène (formule de Cockcroft) ou du débit de filtration glomérulaire (formules MDRD,CKD-EPI,BIS I et Schwartz) pour mieux évaluer la fonction rénale. Il existe plusieurs méthodes pour le dosage de la créatinine dans le sang qui sont réparties en méthodes enzymatiques, colorimétriques et chromatographiques couplées à la spectrométrie de masse(IDMS). L’objectif de notre étude est de comparer principalement entre les deux méthodes du dosage de la créatinine : la méthode de Jaffé modifiée et la méthode enzymatique, qui sont par la suite utilisées pour comparer les résultats pour chacune des différentes formules, ajoutant à cela l’évaluation des performances analytiques (fidélité, justesse…) pour les deux méthodes de dosage sur COBAS INTEGRA® 400 plus et enfin déceler l’intérêt de chacune de ces méthodes. Dans ce cadre, on a recueilli et dosé 216 échantillons par les deux méthodes au sein du laboratoire central du CHU Frantz Fanon de Blida, unité de biochimie.Les tracés établis de Passing-Bablok et de Bland-Altman nous ont permis d’analyser la concordance et les biais existants entre les deux méthodes d’une part et pour chaque formule d’autre part. Les performances analytiques ont été évaluées par des essais de répétébilité et de reproductibilité en plus des évaluations bibliographiques suivant le protocole de la SFBC Les résultats obtenus retrouvent une bonne concordance entre les deux méthodes de dosage de la créatinine mais avec une différence proportionnelle et systématique. La différence entre les formules concerne celles de Schwartz et CKD-EPI, elle influe donc sur la classification de l’insuffisance rénale chronique. Nos résultats ont montré aussi une meilleure performance de la méthode enzymatique dans quelques paramètres analytiques, elle est plus reproductible avec un CV de 2,32% et 2.,61% contre 5,53% et 5% (méthode de Jaffé modifiée) et ceci pour les valeurs normales et pathologiques respectivement, elle est aussi plus juste avec un pourcentage de 98.19% et de 99.65% contre une justesse de 93.05% et de 99.78% (méthode de Jaffé modifiée) pour chacune des valeurs normales et pathologiques respectivement. L’hyperbilirubinémie a été significativement plus interférente sur les valeurs de la méthode de Jaffé modifiée que sur ceux de la méthode enzymatique. Malgré la concordance qu’on trouve entre les deux méthodes, la méthode enzymatique reste donc plus sensible et sélective d’où son utilisation privilégiée dans certaines situations (en pédiatrie, dans les cas des sérums ictériques, quantité basse d’échantillon…), sans oublier aussi que la méthode de jaffé modifiée garde toujours son intérêt économique et donc son utilité pour les situations non pathologiques.