Résumé:
La présente recherche porte essentiellement sur l’impact des transformations subies durant la période coloniale et post-coloniale, sur les performances du confort hygrothermique du bâti résidentiel du vieil Alger ottoman.
La démarche mise en œuvre prend appui sur deux investigations complémentaires : une approche historique visant à identifier les transformations qu’a subi le bâti résidentiel ottoman et l’autre porte généralement sur l’approche environnementale, et plus précisément, sur l’effet que ces transformations ont eu sur le confort hygrothermique. L’une et l’autre portent de manière privilégiée sur l’un des exemples les plus emblématiques la « casbah d’Alger ».
Le site urbain faisant l’objet de notre étude, fut habité au moins dès le VIe siècle avant notre ère, quand un comptoir phénicien y fut installé. Le terme Casbah, qui désignait à l’origine le point culminant de la médina de l’époque ziride, s’applique aujourd'hui à l’ensemble de la vieille ville d’El Djazair, dont les limites marquées par les remparts d’époque ottomane, édifiés dès la fin du XVIe siècle.
La vieille ville d’Alger, qui demeure encore habitée de nos jours, dispose d’une grande richesse en filigrane, tant culturelle qu’historique et d’un savoir-faire acquis au fil des siècles. La Casbah d'Alger, représentative de la culture profondément méditerranéenne, synthèse de nombreuses stratifications. Elle est composée de maisons traditionnelles, qui ont conservé leur authenticité et leur intégrité, telles que les caractéristiques esthétiques, les matériaux utilisés et les éléments architecturaux, préservant leurs aspects originaux et exprimant des valeurs résistant à l’usure du temps, elle est la manifestation d’une superposition de plusieurs strates dans un système complexe et original qui s’est adapté.
L’intérêt pour cette ville ancienne vient du fait qu’elle a su résister et s’adapter aux différents aléas naturels et historiques. Il découle aussi de la structure urbaine qu’elle renferme et de l’authenticité de ses maisons traditionnelles, qui sont considérées jusqu’à présent comme exemples remarquables d’authenticité et de pérennité.
Choisir un sujet d’actualité est périlleux, car ce sera forcément un sujet très débattu où il n’est pas simple de faire entendre une voix originale. Si, justement, la singularité du point de notre projet de recherche réside justement dans les résultats que nous apportons et qui ouvrira surement l’horizon vers d’autres projets qui permettront de sauver ce patrimoine résidentiel qui a suscité tant d’études, tant de recherches et tant de projets.Nous avons justement essayé d’être pratiques en vue d’agir rapidement et de mettre en pratique cette idée d’actions.
Nos objets d’étude pour ce travail de recherche réalisé est sur chacune des trois typologies – à wasted-dar, à chebak et ulwi –, dont leur état d’origine et transformé, deux maisons-échantillons ont été étudiées (l’une semblant présenter des transformations positives et l’autre des transformations négatives).
Persuadés par cette idée de participer à la documentation et à l’enrichissement de la connaissance autour du patrimoine architectural de la Casbah d’Alger et en réponse à la sonnette d’alarme que les spécialistes ont lancé pour sauver ce joyau incontournable, l’impulsion a été donnée à notre recherche afin d’aborder le présent sujet selon deux principaux niveaux : l’architecture (typologie et stratification) et la technicité (l’ambiance engendrée, le confort hygrothermique et ses paramètres).
Durant les périodes coloniale et postcoloniale, les maisons de la Casbah d'Alger ont subi et continuent à subir des transformations.Parfois, celles-ci ont été jugées positives, mais souvent négatives, au détriment de l’environnement. Les raisons évoquées à travers de telles transformations, qui ont eu un impact sur le confort hygrothermique, résident notamment dans la volonté des habitants de s'élever aux standards de la modernité. Elles se sont manifestées selon les besoins de ces mêmes habitants et représentent davantage les résultats du chevauchement et de juxtaposition de deux modèles architecturaux (locaux et coloniaux) : chaque mode de vie reflète une période historique et une population en constante évolution.
Ces transformations se manifestent par l’obstruction des djebs et des puits afin de les utiliser comme vides sanitaires. Il en va de même pour ses habitants qui prennent l’initiative de transformer leurs espaces résidentiels. Chaque fois que ces derniers interviennent sur leurs espaces de vie, en transformant les façades, en perçant des fenêtres ou en introduisant des salles d’eau d’une manière irréfléchie, tout en pensant embellir leurs demeures ou l’espace qu’ils occupent, ils détruisent, en réalité, l’originalité même de ce qui reste.