Etude immunohistochimique du phénotype MSI dans les cancers colorectaux et son rôle dans l'orientation de la démarche thérapeutique.

Abstract

Le cancer colorectal (CCR), par sa fréquence et sa gravité, représente un enjeu majeur de santé publique à travers le monde. En Algérie, ce type de cancers est classé en deuxième position chez les deux sexes avec un taux annuel de 6000 nouveaux cas. L’objectif principal de ce travail était d’une part, de faire ressortir certaines particularités épidémiologiques, cliniques et anatomopathologiques des cancers colorectaux et d’autre part, d’en déterminer l’instabilité microsatellitaire (MSI), en démontrant son rôle dans l’orientation de la démarche thérapeutique. Une enquête rétrospective a été effectuée sur les patients atteints de cancer colorectal, recensés dans le laboratoire d'anatomie pathologique de Béni Messous, durant la période comprise entre le 1er Janvier 2018 et le 31 Mars 2021. De plus, une étude anatomopathologique a été faite prospectivement sur 28 cas via une analyse histologique et immunohistochimique au moyens de plusieurs anticorps à savoir, MLH1, PMS2, MSH2 et MSH6, en vue de confirmer le diagnostic du cancer colorectal. Au total 151 cas de cancer colorectal ont été enregistrés. L’âge moyen des patients était de 57.58 ± 15.42 ans, avec une prédominance masculine de 58.2 %. Le sex-ratio (H/F) était de 1,35. La localisation tumorale la plus répandue était le colon droit caractérisant 29 % des cas avec une prédominance de l’adénocarcinome bien différencié noté chez 84 % des cas. 51% des patients ont pris le capécitabine comme agent chimiothérapeutique en association avec la radiothérapie. Pour ce qui est du statut MSI, 19% de cas de CCR ont présenté le phénotype MSI, dont l’âge moyen des femmes était plus élevé par rapport à celui des hommes soit 62.96±2.62 ans contre 56.52±0.95 ans. La majorité des patients soit 64.2% des cas avait un cancer touchant principalement le colon droit et gauche. Une prédominance de l’adénocarcinome bien différencié a été notée chez 75.86 % des cas MSI. Les protéines MSH6, MSH2, PMS2 et MSH2/MSH6 étaient surexprimées chez respectivement 89.28% ,82 .14% et 75% des cas. Enfin, tous les patients ont bénéficié d’une chimiothérapie adjuvante. A l’issue de notre étude, il en ressort que les cancers colorectaux sont fréquemment diagnostiqués au sein du service d’anatomie pathologique du CHU de Beni Messous. En outre, ce travail a pu mettre en évidence quelques particularités épidémiologiques et clinico-anatomopathologiques du cancer colorectal, notamment les cas présentant le phénotype MSI. Néanmoins, il serait très remarquable de poursuivre cette étude, en utilisant des techniques de biologie moléculaire en l’occurrence, la PCR et les techniques de séquençage, afin d’identifier de nouveaux marqueurs d’instabilité microsatellitaire chez les patients atteints de cancer colorectal.