Résumé:
L’étude immunohistochimique des MB à partir de laquelle en découle un sous-groupage
moléculaire des MB est devenu de plus en plus important dans le diagnostic et l’évaluation du
pronostic notamment dans la stratification du risque de la maladie. La classification de l’OMS 2021 se
base sur une définition histologique à laquelle s’intègre des données moléculaires. Cette dernière
nécessite des tests génétiques qui peuvent ne pas être disponibles dans tous les services
anatomopathologiques.
Le but de notre étude est de mettre en lumière une approche simplifiée, pertinente et reproductible en
routine pour mieux étudier le profil IHC des MB afin de les classer morphologiquement (types
histologiques) et génétiquement (sous-groupes moléculaires) même dans des services aux ressources
limitées. Il s’agit d’une étude prospective de 43 patients algériens âgés de 8 mois à 64 ans, qui ont été
stratifié morphologiquement et moléculairement grâce à un panel d’anticorps (ß-caténine, GAB-1,
YAP-1, p75-NGFR, OTX2). Nos résultats ont ensuite été analysés et comparés dont le but d’identifier
des facteurs histopronostiques en fonction de groupes d’âge et de la survie globale. Nos 43 patients ont
été colligés au service d’anatomie pathologique, CHU Blida sur une période de 3 ans (Janvier 2018-
Janvier 2021). Nous avons partagés notre cohorte en deux classes d’âge : 29 MB pédiatriques < 16 ans
(67.44%) et 14 MB adultes > 16 ans (32.55%) avec une médiane d’âge respectivement de 8.53 ans et
29.5 ans. Les types histologiques ont été classés selon la classification OMS 2021. Nous avons
comptabilisé 23.26 % de MB classique (10/43), 60.47% de MB desmoplasique/nodulaire (26/43),
13.95% de MB anaplasique/à grandes cellules (6/43) et 2.33 % de MB à nodularité extensive (1/43).
Le panel d’IHC a raisonnablement contribué à l’identification des sous-groupes moléculaires en deux
étapes avec un 1er panel (ß caténine, Filamine A et GAB1) puis un second panel (p75NGFR et OTX2).
L’applicabilité de la classification OMS 2021 des MB est possible puisque notre approche a permis de
catégoriser correctement les 43 cas sur le plan morphologique et moléculaire (3 sous-groupes
moléculaires (WNT, SHH et Non WNT/Non SHH) soit 100%. Ainsi, nos MB (N=43) se répartissent
en : MBWNT (9 cas = 20.93%), MBSHH (19 cas = 44.19%) et MB Non WNT/Non SHH (15 cas= 34.88%).
L’exérèse chirurgicale est significativement associée (p = 0.01) au groupe d’âge (enfant Vs adulte) à
l’analyse multivariée sans incidence sur la survie globale (p = 0.18). La survie globale à an était de
48.3%, significativement associée aux facteurs histopronostiques suivants : l’âge (p = 0.07), le sexe (p
= 0.08), le statut métastatique au moment du diagnostic (p = 0.02) et les types histologiques (p =
0.005).
Notre étude pilote est la première à rapporter des sous-groupes moléculaires de MB en Algérie basée
sur une approche purement immunohistochimique. Nous avons constaté que les sous-groupes
moléculaires de MB peuvent être identifiés de manière fiable à l'aide d'un panel d’anticorps
(ßcaténine, GAB-1, Filamine A, p75-NGFR, OTX2). L’intérêt de la ß caténine nucléaire dans la
stratification du sous-groupe WNT est discuté en raison de l’absence d’un seuil consensuel et sa faible
reproductibilité. Cependant, son interprétation au sein d’un panel large permet de limiter le sousgroupage
erroné.
L’approche simplifiée basée sur l’IHC est moins coûteuse avec un délai d’exécution rapide (3 à 5
jours) par rapport aux tests génétiques (séquençage) plus élaborés. Elle a permis le sous-groupage
moléculaire, dans notre étude, des 100% des MB. Celle-ci devrait être bénéfique pour les services
anatomo-pathologiques aux ressources faibles.