Résumé:
L'évolution récente des relations entre les villes et les industries est caractérisée
souvent par -la tendance à la désindustrialisation des villes, des régions anciennement
industrialisées par disparition partielle ou totale des industries anciennes, qui entraine
le déclin des emplois, de la population et exige des efforts de conversion ;
-Le transfert hors des villes, dans les banlieues ou sur les zones industrielles
extérieures, des industries, commerces de gros etc... Jadis en ville ;
-l'installation fréquente des industries nouvelles hors des villes et même en évitant les
villes ou les régions anciennement industrialisées (sauf les industries de conversion) ;
-une dissociation spatiale de l’industrie et de la ville qui induit de nouveaux rapports
spatiaux, fonctionnels, démographiques...
L'industrie n'est plus, en général, le moteur principal de la croissance urbaine ;
l'évolution de la structure des entreprises vers des groupes nationaux ou
multinationaux tend à privilégier quelques pôles urbains de niveaux supérieurs aux
dépens des villes moyennes ou petites qui fonctionnent dans leur dépendance. Dans
cette évolution, la ville a peu de pouvoirs sur la prise de décision d'installation de
l'entreprise et finance les potentialités d'accueil.
Il y a donc une remise en cause de l'organisation héritée de la Première Révolution
Industrielle
L’urbanisation est une des grandes tendances qui influent profondément sur les
dimensions sociales, économiques et environnementales de la croissance et de la
transformation des villes. Tant la théorie que la pratique montrent que
l’industrialisation et l’urbanisation peuvent se renforcer mutuellement. Il est donc
impératif d’explorer les liens entre les deux processus, étant donné leurs profondes
implications pour la transformation structurelle du continent. Jusqu’à présent, les
récits et les cadres de politique concernant la transformation structurelle et
l’industrialisation en Afrique ont largement ignoré les dimensions spatiales et urbaines
de l’industrialisation et, en particulier, les avantages que présentent les gains de
productivité et les effets d’agglomération créés par les villes. Or, le lien entre
l’urbanisation et l’industrialisation revêt une importance particulière pour l’Agenda
2063 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces deux
programmes reconnaissent que l’urbanisation est un facteur essentiel du
développement durable. Il est également important de considérer l’urbanisation et
l’industrialisation à la lumière de la participation de villes (Africaines et asiatique) à la
troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain
durable (Habitat III), tenue à Quito (Équateur) en octobre 2016. Les dirigeants africains
et asiatiques avaient clairement indiqué à cette occasion que l’urbanisation était le
moteur d’une transformation structurelle au service d’une croissance inclusive et
durable L’urbanisation influe sur le développement industriel de multiples façons. La hausse
de la consommation des classes moyennes est un phénomène essentiellement urbain.
À mesure que les revenus augmentent, les dépenses discrétionnaires s’accroissent et
les habitudes de consommation changent, induisant une demande de biens
manufacturiers et de construction urbaine et, partant, des débouchés pour l’industrie.
Les villes passent actuellement par une période d’urbanisation rapide, et cela à des
conséquences considérables pour l’industrialisation, qui est une condition impérative
de la transformation structurelle inclusive.
Dans la majorité des villes, ce lien entre l’urbanisation et l’industrialisation est fragile
ou absent. Là où il existe, il s’est souvent développé spontanément plutôt que par des
politiques délibérément choisies, même si les dirigeants des sociétés, dès les années
60, ont bien reconnu qu’il importait de coordonner développement industriel et
développement urbain.
Le problème, pour les villes, est de transformer sa croissance économique en un
développement inclusif et soutenu en profitant de l’urbanisation pour encourager la
diversification économique, l’accent étant mis sur l’industrialisation, qui crée des
emplois, réduit l’inégalité et la pauvreté et améliore l’accès aux services publics de
base.
Il est essentiel de mettre au point des outils pour guider les décideurs, les
planificateurs et les praticiens dans la formulation et la mise en œuvre coordonnées
des politiques urbaines et industrielles, l’accent étant mis sur les objectifs nationaux
de croissance et de transformation. S’ils reconnaissent la nécessité de coordonner
l’urbanisation et l’industrialisation, il n’en reste pas moins possible de renforcer leurs
capacités, en se fondant sur les pratiques qui ont réussi en Afrique et ailleurs. Les
partenariats régionaux, couplés à une assistance technique ciblée, pourraient bien
s’avérer utiles à cet égard.