Résumé:
Le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique chronique de causes multifactorielles : psychologiques, biologiques et sociales. Parmi les facteurs biologiques, l’inflammation est incriminée. Plusieurs études montrent l’existence d’un dysfonctionnement immunitaire et d’une inflammation accompagnant les variations pathologiques de l’humeur. Partant de ce constat, nous avons réalisé une étude prospective, descriptive, analytique et comparative explorant le profil inflammatoire au sein d’une population de 23 sujets souffrants de troubles bipolaires de type I (épisode maniaque et euthymie) versus 32 témoins sains. Les paramètres étudiés, par technique d’immuno-turbidimétrie, sont : les protéines sériques de la phase aigüe (albumine, haptoglobine, fragment C3 du complément et CRP ultra-sensible) et les immunoglobulines (IgA, IgG, IgM).
Les résultats ont montré une élévation de la CRPus, une baisse significative de l’albumine, mais pour les immunoglobulines, seuls les taux d’IgG ont une significativité statistique. Une différence négligeable a été observée dans les taux de l’haptoglobine et le fragment C3 du complément. De plus, une variation fonction de l’humeur, des protéines dosées a été constatée, à savoir : élévation de la CRPus et de l’haptoglobine, baisse des immunoglobulines plus prononcée durant la manie par rapport aux patients bipolaires en euthymie et aux témoins, albumine significativement basse chez les sujets bipolaires en manie et en euthymie par rapport aux témoins. Il est à relever que plusieurs comorbidités au sein de la population de bipolaires sont notées, avec une fréquence plus élevée à partir de 46 ans. Nos résultats renforcent les conclusions des études précédentes soutenant l’hypothèse immuno-inflammatoire dans les troubles bipolaires et suggèrent une charge inflammatoire périphérique plus importante durant la manie. Ce qui pourrait être utile dans la recherche de biomarqueurs facilitant le diagnostic et la prise en charge de cette pathologie. Cependant, certains de nos patients présentaient des maladies inflammatoires et auto-immunes ce qui pourrait influencer les résultats de notre étude