Résumé:
Le cancer de la prostate est le premier cancer de l’homme de plus de 50 ans dans le monde, il est au deuxième rang de la mortalité par cancer des hommes dans cette tranche d’âge. Son incidence est également en augmentation en Algérie, dans les 2/3 des cas il est diagnostiqué à un stade localement avancé et/ou métastatique. La détection de lésions précoces précancéreuses, à un stade utile non encore invasif, est d’un grand intérêt en anatomie pathologique en vue d’améliorer la prise en charge et la survie des patients. Ces lésions précancéreuses prostatiques dont le diagnostic est assez aisé à l’examen histologique de routine sont le sujet de nombreuses recherches à travers le monde afin d’élaborer des marqueurs immunohistochimiques pouvant permettre d’évaluer leur devenir et donc de pronostiquer celles qui sont le plus susceptibles d’évoluer vers un cancer invasif agressif.
Notre travail est une étude rétrospective et prospective sur une période de 4 ans, de 2012 à 2015, réalisée au niveau du service d’Anatomie Pathologique du C.H.U Mustapha Pacha d’Alger et dont l’objectif est d’évaluer l’expression et l’utilité du marquage immunohistochimique de l’anticorps anti-ERG chez 30 patients qui présentent des lésions néoplasiques intraépithéliales prostatiques de haut grade (HGPIN).
Notre étude a été menée sur une population d’une moyenne d’âge de 67 ans, les prélèvements analysés sont des biopsies prostatiques et des pièces de prostatectomies préalablement fixées et incluses dans des blocs de paraffines. L’étude immunohistochimique révèle que l’expression de la protéine ERG dans les foyers HGPIN est positive dans 67% des cas contre 33% de cas négatifs, l’expression positive est intense dans 90% des cas. Concernant la corrélation entre le score de Gleason qui est un score histopronostique et l’expression de ERG, celle-ci est statistiquement non significative.
Notre résultat indique que l’expression de ERG peut avoir une utilité pronostique de l’agressivité du cancer de la prostate dès le stade HGPIN. Cependant plusieurs autres études ont évalué la signification pronostique de l’existence de gènes de fusion (ERG-TMPRSS2) avec des résultats contradictoires et peu interprétables du fait de la taille limitée des effectifs. Cette étude doit être poursuivie et élargie sur un nombre plus important de malades afin de pouvoir la valider statistiquement.