Résumé:
Au cours de la dernière décennie, plusieurs phlébovirus transmis par les
phlébotomes ont été détectés dans les pays méditerranéens, et l’impact sanitaire
de certains d'entre eux restent inconnu. Dans le but de surveiller la circulation des
phlébovirus, et leurs éventuels vecteurs dans deux régions endémiques de
leishmanioses canine et humaine (Kherrata et Tiaret). Nous avons réalisé une
enquête entomologique de Septembre à Octobre 2020. Un total de 4541
phlébotomes a été capturé, un nombre de 4141 phlébotomes ont été identifiés par
sexe, regroupés en 100 pools, pour la recherche de l’ARN des phlébovirus par la
PCR conventionnelle R-T-Nested PCR suivie par séquençage. Dix pools étaient
positifs, représentant un taux d’infection global dans les deux régions de 0,24%.
L’infection a été observée chez les deux sexes dans les deux régions. Le
séquençage a permis la détection de huit séquences qui ressemble au virus
Toscana (TOSV) à Tiaret et deux séquences qui ressemblent au virus Punique
(PUNV) à Kherrata. L’ensemencement des pools positifs sur les cellules Vero a
permis l’isolement de deux souches de PUNV qui sont génétiquement liées, mais
elles sont distinctes l’une de l’autre. La première souche ressemble à PUNV
détectée à Blida, tandis que la deuxièmement est génétiquement très proche du
PUNV détectée en Tunisie. L'identification morphologique de 400 phlébotomes
choisis au hasard a montré une nette dominance de Phlebotomus perniciosus
(98%). La dominance de cette espèce dans les deux zones d’études a été confirmée
par la technique PCR ciblant le gène mitochondrial codant pour le cytochromeoxydase I (COI). Notre résultat représente le premier isolement du PUNV et la
deuxième détection en Algérie dans deux régions distinctes, ce qui confirme sa
grande circulation dans le pays et plus largement en Afrique du Nord. Nos résultats
ont permis également la détection de TOSV pour la deuxième fois en Algérie.
D’autres études sont nécessaires pour mesurer l’impact du PUNV sur la santé
publique par des études de séroprévalence chez l'homme et l'animal et pour étudier
son implication potentielle dans les maladies virales neurologiques.