Exploration fonctionnelle de la glande surrénale, en relation avec l'environnement saharien, chez deux races ovines, D'Man et Ouled Djellal

Abstract

Le but de cette étude est d’explorer l’activité de l'axe hypophyso-surrénalien (ACTH, aldostérone et cortisol), et les régulations métabolique et minérale impliquées dans la réponse adaptative au climat rigoureux du désert chez deux races ovines : Ouled Djellal (race saisonnière) et D'Man (race non saisonnière) élevées dans la bergerie de la station expérimentale d'El-Meniaa (30° 34' Latitude Nord, 02° 52' Longitude Est, Altitude 379m), soumis aux conditions de température et de lumière naturelles. Des échantillons de sang ont été prélevés toutes les heures pendant 24 heures lors des équinoxes (printemps et automne) et des solstices (été et hiver). L'ACTH a été dosée par technique immunoradiométrique, le cortisol et l'aldostérone par dosage radioimmunologique, les électrolytes et les paramètres métaboliques sont estimés par spectrophotométrie utilisant les kits du commerce. Chez les deux races ovines, le profil endocrinien varie significativement en fonction du nycthémère et de la saison: 1-l’ACTH plasmatique est similaire chez les deux races ovines, caracterisée par des élévations matinales et un rythme saisonnier défini par des taux élevés au solstice d’été et très faibles au solstice d’hiver. 2-Le cortisol plasmatique montre des variations ultradiennes marquées avec absence du rythme circadien. Le rythme saisonnier du cortisol est différent du rythme de l'ACTH et est caractérisé par des niveaux faibles aux équinoxes et plus élevés aux solstices. Les niveaux moyens de cortisol sont significativement plus élevés chez le bélier Ouled Djellal que chez le bélier D’Man, ce qui pourrait être en faveur d’une meilleure robustesse de la race Ouled Djellal. 3-L'aldostérone plasmatique présente un rythme nycthéméral validé par le test cosinor et se distingue par une acrophase aux alentours de minuit, toute fois l’aldostérone plasmatique se trouve relativement plus élevée chez la race Ouled Djellal, suggérant ainsi la nécessité d’une régulation plus intense chez cette race. Contrairement au cortisol, le rythme saisonnier de l'aldostérone plasmatique est caractérisé par des niveaux élevés aux équinoxes et faibles aux solstices. Par ailleurs, les profils métaboliques des deux races ovines Ouled Djellal et D’Man montrent des différences non significatives des métabolites (TG-VLDL, cholestérol-HDL-LDL, urée et créatinine) au cours du nycthémère. Par contre, la glycémie montre des augmentations très significatives chez la race D’Man durant les phases claires par rapport aux phases sombres. La teneur plasmatique en : cholestérol, HDL et LDL est significativement plus élevée chez la race Ouled Djellal par rapport à la race D’Man impliqués directement dans la synthèse de cortisol et d’aldostérone qui se trouvent eux aussi plus augmentés chez cette race. Alors que les taux plasmatiques des TG et des VLDL sont significativement plus élevés chez la race D’Man. L’ensemble des paramètres métaboliques varient étroitement au niveau plasmatique mais semblent évoluer dans le même sens que le cortisol, ce qui permet de suggérer que le cortisol exerce un puissant effet dans la régulation métaboliques. Enfin le profil minéral montre des variations plasmatiques minimes non significatives. Toutefois, seule le Ca++ semble évoluer dans le même sens que l’aldostérone, alors que les profils plasmatiques de Na+ , K+ et Cl- semblent évoluer dans le sens contraire de l’aldostérone chez les deux races ovines. Par ailleurs, les niveaux des électrolytes (Na+ , K+ , Cl- et Ca++) sont plus élevés chez la race D’Man indiquant la grande capacité d’adaptation de cette race. Au terme de cette étude, il semble que les facteurs environnementaux (au cours du nycthémère et de la saison) exercent un effet puissant sur la synchronisation de l’activité corticosurrénalienne, qui se manifeste par des changements des fonctions glucocorticoïde et minéralcorticoïde de la surrénale; responsables de l’ajustement des métabolismes énergétique et minéral, qui seraient un mécanisme d’adaptation des deux béliers adultes Ouled Djellal et D’Man aux conditions environnementales des zones arides.