Résumé:
Les plaies infectées représentent un problème majeur pour la santé publique
dont diverses espèces bactériennes sont incriminés dans ce type d’infections. De
plus, l’émergence de l’antibiorésistance complique leur traitement, affectant ainsi la
qualité et la durée de cicatrisation d’où la nécessité d’explorer des solutions
alternatives telles que l'utilisation du miel. La présente thèse comporte deux parties
expérimentales.
Dans la première partie, nous avons réalisé une enquête transversale dans
la wilaya de Ain Defla (nord-centre de l'Algérie) visant à identifier les germes isolés
sur des plaies infectées et de caractériser leur résistance aux antibiotiques. L’étude
a été menée auprès de 620 patients présentant des plaies cutanées purulentes. Au
total, 428 souches bactériennes ont été isolées dont 283 étaient des Gram positif
(66,12 ± 4,48%) (P <0,001). Un total de 77 isolats de Staphylococcus aureus ont
été obtenus, parmi lesquels 31,2 ± 9,3% (24/77) étaient résistants à la méticilline.
Les bactéries Gram négatif les plus fréquentes étaient Escherichia coli (30,34 ±
7,4%), suivies de Klebsiella pneumoniae (25,52 ± 7,10%) et de Pseudomonas
aeruginosa (23,45 ± 6,70%). Tous les isolats de Staphylococcus aureus (77/77) ont
montré une sensibilité à la clindamycine. Les isolats d'Escherichia coli ont présenté
une résistance à plusieurs antibiotiques, avec des taux élevés de résistance à
l'amoxicilline (38/44 ; 86,4 ± 10,1%) et à l'amoxicilline-clavulanique (30/44 ; 68,2 ±
13,8%) (P < 0,001). Toutes les bactéries Gram négatif étaient sensibles à
l'amikacine (145/145), et seul un isolat Gram positif présentait une résistance à la
vancomycine. La multirésistance a été observée chez 31,54% des isolats ; elle était
significativement plus élevée chez les bactéries Gram négatif que chez les bactéries
Gram positif (62/145 ; 42,76 ± 8% et 73/283 ; 25,79 ± 5,10%, respectivement) (P <
0,001) et significativement corrélée à l'âge des patients (P < 0,001).
Dans la deuxième partie de l’étude expérimentale, nous présentons les
résultats d’une étude expérimentale dont l’objectif est d’étudier les effets
antibactérien et antioxydant de miel in vitro et l’effet anticicatrisant in vivo.
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L’activité antibactérienne a été testée sur des souches de référence en
utilisant la méthode de diffusion en puits. Les résultats ont montré une activité
inhibitrice, du gel à base de miel, de 27,33 ± 0,58 pour S. aureus, 22,33 ± 1,53 pour
E. faecalis, 20,00 ± 1,73 pour E. coli et 18,67 ± 1,53 pour P. aeruginosa. Ces
résultats sont nettement supérieurs à ceux obtenus avec la sulfadiazine argentique
(P < 0,01). Pour l’effet antioxydant, la technique de réduction de DPPH (2,2-
diphényl-1-picrylhydrazyl) a été utilisée. L’IC50 de notre gel à base de miel était
déduite à 43,18 mg/mL, ce qui révèle une bonne activité antioxydante.
Pour l'expérience in vivo, 18 rats mâles de race Wistar ont été utilisés, avec
six rats dans chaque groupe. Les traitements appliqués localement sur des plaies
excisionnelles comprenaient du miel, de la sulfadiazine argentique à 1% et de l'eau
distillée en tant que témoin, administrés une fois par jour pendant 21 jours. Une
évaluation planimétrique et histopathologique a été effectuée tout au long de
l'expérience. Les analyses statistiques n’ont révélé aucune différence significative
entre le taux de contraction des plaies traités par la préparation de miel et la
sulfadiazine argentique. Bien que l'examen histopathologique ait montré une
différence significative entre les scores totaux des trois groupes (P < 0,05), aucune
différence significative n'a été observée entre les différents paramètres
histopathologiques des sujets traités avec le gel de miel et ceux traités avec la
sulfadiazine argentique (P > 0,05).