Résumé:
La plupart des plantes étudiées dans les différents écosystèmes naturels se trouvent infestées par des champignons microscopiques appelés mycoendophytes. Dans ce travail, notre intérêt s’est porté sur les champignons endophytes présents chez les feuilles de Limoniastrum feei de la région de Oued Aghlal (Béchar). L’espèce étudiée est médicinale et endémique du Sahara septentrional algérien et marocain. Afin de bien cerner cette étude, nous nous sommes fixé les objectifs suivants : l’isolement, le recensement, l’identification, l’évaluation de la diversité et enfin les tests des activités antimicrobienne et antimitotique de ces mycoendophytes. L’échantillonnage a concerné 23 sujets sains. 20 feuilles sont prélevées sur chaque pied, 10 ont été colorées au bleu trypan pour une mise en évidence de la présence des endophytes, les autres ont été fraichement ensemencées sur milieu PDA. Après purification et identification à l’échelle phénotypique, une extraction des métabolites actifs par méthode hydroalcoolique a été menée, en utilisant deux solvants : l’acétate d’éthyle et le méthanol. L’activité antimicrobienne sur neuf bactéries et une levure de référence a été réalisée en premier temps par un dépistage direct du pouvoir antimicrobien, puis par méthode de disques en utilisant les extraits fongiques. Enfin, l’effet antimitotique de deux espèces d’Aspergillus a été évalué in vitro sur des cellules méristématiques
d’Allium cepa. Après 02 mois d’incubation, nous avons obtenu une fréquence de colonisation de 73,22%, avec un total de 842 isolats fongiques, répartis en 56 espèces appartiennent à 20 genres fongiques. Leurs abondances foliaires montre que les espèces des genres Penicillium et Aspergillus sont les plus dominantes. Des corrélations parfois positives et pour d’autres négatives sont décrites entre la majorité des genres fongiques inventoriés. Les indices de diversité ont révélé une richesse remarquable de la mycoflore endophyte. Le test de diffusion sur disques a
démontré que tous les extraits fongiques d’acétate d’éthyle avaient une activité inhibitrice sur les souches microbiennes testées. L’effet antimicrobien de ces extraits est comparable à celui des antibiotiques témoins et parfois meilleur, à l’inverse des extraits méthanoliques qui ont présentés une faible activité, parfois nulle. Le calcul des indices mitotiques et des indices des phases a montré une efficacité comparable à celle de la colchicine utilisée comme témoin positif. Une Anova avec un témoin négatif des cellules non traitées a révélé une différence hautement significative (p=0,00). Nous avons conclu que les feuilles de L. feei sont un véritable hotspot de biodiversité fongique et que les mycoendophytes représentent une source prometteuse dans la production des substances naturelles d’intérêt thérapeutique antimicrobien et antimitotique.
