Etude clinique et profil évolutif des patients suivis pour une sclérose en plaques au niveau du CHU de Blida, avec une estimation de la prévalence dans la commune de Blida

Abstract

La sclérose en plaques (SEP), maladie démyélinisante chronique inflammatoire et dégénérative du système nerveux central, est la principale cause de handicap non-traumatisme chez les jeunes adultes. L’Algérie était située dans les zones à faible risque puis moyen risque mais peu d’études épidémiologiques ont été effectuées dans notre pays. Notre étude avait pour objectif d’estimer la prévalence et l’incidence dans la ville de Blida et d’analyser le profil évolutif de cette maladie chez une série de patients sur une période de 15 ans. Résultats : Parmi les 806 patients de notre cohorte, 65 avaient présenté un syndrome cliniquement isolé et 741 cas étaient classés dans les quatre différentes formes cliniques de la SEP. La prévalence dans la commune de Blida a été estimée à 39,7/100000 habitants avec un sexe ratio F/H de 2.26 et un âge moyen de début de 29.70 ± 9.81. L’incidence brute moyenne annuelle était de 3/100000 et par an. L’évolution annuelle des cas incidents au cours de la période d’étude (allant de 2002 à 2016) a montré une tendance significativement à la hausse (r'= 0.67 ; p<0.05). D’une année à une autre le nombre augmente en moyenne de 1 cas. La SEP à début rémittent n’a constitué que 76.38% des cas et a débuté plus tôt et une prédominance féminine plus importante par rapport à la forme progressive. Le début mono symptomatique a été retrouvé chez 82% des cas, l’atteinte motrice (51%), atteinte de FCP (16.2%), NO (12.3%), atteinte médullaire (22.3%). Le début par la NO est plus fréquent dans les formes RR. L’évolution de la SEP dans notre série est rapide et sévère, la maladie a débuté aux alentours de 29 ans. Le handicap irréversible avec une déambulation et une aide unilatérale (EDSS 6) a concerné 279 patients (37.65%) vers un âge moyen de 39 ans (Kaplan –Meier 8 ans) et 170 patients (22.9%) étaient confinés au fauteuil roulant aux alentours de l’âge de 40 ans (Kaplan-Meir : 9.30 ans, IC 95%). Les facteurs de mauvais pronostic étaient surtout: le mode de début poly symptomatique, un début par une atteinte médullaire, une atteinte cérébelleuse ainsi qu’un début tardif après l’âge de 40 ans. La SEP "bénigne" et la SEP maligne ont été retrouvées chez respectivement 10.25 % et 15,25% des patients. Conclusion. Cette augmentation des taux de prévalence et d’incidence de la SEP classe la commune de Blida dans une zone à haut risque. Le phénotype de la SEP semble être particulièrement sévère dans la région de Blida. Une compréhension de l'épidémiologie de la SEP est essentielle pour générer des hypothèses liées aux facteurs de risque génétiques et environnementaux sous-jaccents. D'autres études épidémiologiques sont obligatoires. L'utilisation de méthodes cohérentes de vérification des cas, de méthodes normalisées de collecte de résultats contribueraient tous à une meilleure comparabilité des études et amélioreraient notre compréhension de l'épidémiologie de la SEP. De futures études épidémiologiques de la prévalence et de l’incidence doivent être effectuées dans plusieurs villes à travers le pays et couvrant toutes les régions d’Algérie, en tenant compte des différences ethniques, nous permettront une meilleure compréhension de la prévalence et de l’incidence de la SEP et une meilleure clarification du profil évolutif de la maladie. Un registre national de sclérose en plaques nous permettra d’avoir une meilleure approche épidémiologique.